Art textile à Lyon : Plongée au cœur du Musée des Tissus et de la tradition des soieries lyonnaises #
Trésors des collections : 2,5 millions de pièces à travers 4500 ans d’histoire #
Le Musée des Tissus de Lyon possède la plus vaste collection textile au monde, comptabilisant 2,5 millions de pièces couvrant près de 4500 ans d’histoire. Cette accumulation sans équivalent s’étend de l’Égypte pharaonique — avec de rares fragments coptes issus des fouilles d’Antinoé en Égypte — jusqu’aux créations textiles les plus avant-gardistes du XXIe siècle.
- Textiles antiques égyptiens et coptes issus des fouilles sponsorisées par la Chambre de Commerce de Lyon au XIXe siècle (notamment la Tenture aux poissons, œuvre romaine remarquable).
- Soieries de la Chine et du Japon rapportées à la suite de missions diplomatiques dès 1846, témoignant des échanges transcontinentaux.
- Broderies ottomanes, tissus byzantins, velours italiens et dentelles flamandes, illustrant la diversité des pratiques décoratives à travers l’Eurasie.
- Costumes civils français de diverses époques et ornements religieux européens, symbolisant la place du textile dans le vêtement et le rite.
- Œuvres majeures de la soierie lyonnaise réalisées par les grands ateliers locaux, avec des dessins signés Jean Pillement, Philippe de la Salle et Dugourc.
- Créations du XXe siècle telles que les œuvres de Raoul Dufy et Sonia Delaunay, témoignant de la porosité entre art, design et industrie textile.
Cette diversité donne au Musée des Tissus un statut de référence mondiale auprès des chercheurs et des collectionneurs privés comme institutionnels. Sa bibliothèque, forte de 30 000 ouvrages, consolide ce rayonnement scientifique en permettant l’étude approfondie des matériaux, techniques et savoir-faire.
La soierie lyonnaise : un savoir-faire unique et une histoire prestigieuse #
Le nom de Lyon reste indissociable de celui de la soie et de la haute création textile. Dès le XVIe siècle, la ville devient le centre européen du textile de luxe grâce à l’appui de la monarchie française, en particulier sous François Ier, qui octroie le privilège de tissage en 1536. La croissance du secteur s’accélère ensuite sous la protection de Louis XIV et l’impulsion de Jean-Baptiste Colbert.
- L’essor des canuts, ouvriers tisseurs installés principalement sur la colline de la Croix-Rousse, structure l’économie lyonnaise du XVIIIe au XIXe siècle. On compte, à la veille de la Révolution, plus de 20 000 métiers à tisser en activité dans la ville.
- La réputation mondiale de la soierie lyonnaise repose sur l’excellence des dessinateurs-ornemanistes comme Jean Pillement, Philippe de la Salle et Jacques-Louis Dugourc, fournisseurs de Louis XVI et des grandes cours européennes.
- Le développement du métier Jacquard en 1801, inventé par Joseph Marie Jacquard, révolutionne la production en permettant des motifs d’une grande complexité, tout en améliorant la condition des ouvriers.
- Des commandes prestigieuses, telles que la tente impériale de Napoléon Ier ou les tentures du Château de Versailles, sont réalisées à Lyon, soulignant l’importance stratégique de l’industrie locale dans la politique et l’image de la France.
Les collections du musée illustrent ce savoir-faire inégalé par des étoffes fastueuses, tissées à la main ou mécaniquement, destinées à l’ameublement, la mode, la décoration ou la liturgie. Nous estimons que cette tradition demeure un levier d’attractivité remarquable pour les créateurs contemporains, qui puisent dans ce répertoire pour réinventer le textile du futur.
Naissance et évolution du Musée des Tissus : de l’industrie à la conservation patrimoniale #
Pensé originellement comme un outil au service de l’industrie lyonnaise, le Musée des Tissus voit officiellement le jour le 6 mars 1864, sous l’impulsion de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Lyon. Son ouverture au Palais du Commerce est alors motivée par le besoin d’inspirer les industriels locaux et de préserver les chefs-d’œuvre annonciateurs de nouvelles tendances esthétiques.
- Les premières acquisitions (1834-1851) comprennent des échantillons anciens collectés par des négociants lyonnais tels que Jules Reybaud, puis enrichis par des dons majeurs au fil du temps.
- En 1891, l’institution prend son nom définitif de « musée historique des Tissus », consolidant son orientation patrimoniale et scientifique.
- La “Tenture aux poissons”, tapisserie antique d’exception exhumée à Antinoé, rejoint la collection grâce à un financement de la Chambre de Commerce, affirmant le rôle de Lyon comme centre d’études textiles.
- Transfer des collections à l’Hôtel de Villeroy — 34 rue de la Charité — puis extension à l’Hôtel Lacroix à partir de 1925, avec une mutualisation des espaces avec le Musée des Arts Décoratifs.
Cette évolution du musée, pensée sur un mode industriel puis patrimonial, a permis de préserver et d’enrichir un fonds documentaire et matériel exceptionnel. D’autres institutions, telle l’École municipale de tissage de Lyon, alimentent régulièrement la collection, qui sert aujourd’hui de référence internationale tant pour la recherche que pour l’innovation créative.
Ateliers et recherches : l’innovation au service de la préservation textile #
Dès 1985, le Musée des Tissus se dote d’un atelier de restauration textile à la pointe de la technique, destiné à conserver et restaurer ses propres collections, puis à intervenir pour d’autres institutions françaises et internationales à partir de 1997. Ces ateliers sont réputés pour leur capacité à travailler aussi bien sur des textiles archéologiques que sur des tissus modernes délicats.
- Savoir-faire technique de haut niveau : lavage, consolidation, re-tissage, reconstitution de fibres anciennes.
- Collaboration régulière avec des musées partenaires (Louvre, Musée du Quai Branly, Victoria & Albert Museum de Londres).
- Participation à la sauvegarde d’œuvres majeures, dont des tapisseries anciennes et des costumes royaux, dans le respect de l’authenticité des matériaux et des méthodes d’origine.
Le conservatoire scientifique du musée s’appuie sur un centre de documentation-bibliothèque constitué de 30 000 références, qui accueille chercheurs, historiens d’art et étudiants du monde entier. Ce pôle documentaire participe activement à la diffusion de la connaissance textile, organisant conférences, expositions thématiques et projets de recherche interuniversitaires. Ainsi, Lyon continue d’innover, aspirant à positionner la restauration textile comme une discipline d’excellence.
Textiles d’Orient et d’Occident : une approche comparative et transversale #
Le Musée des Tissus s’organise autour de deux axes géographiques majeurs : les arts textiles d’Orient et d’Occident. Cette approche permet de mettre en perspective les échanges, influences et spécificités des grandes civilisations textiles.
- Pôle orient : textiles pharaoniques et coptes d’Égypte, étoffes perses sassanides, tissus ottomans décorés, broderies islamiques, velours chinois et kimonos japonais, mettant en évidence la richesse des techniques de tissage, teinture naturelle et minutie des décors.
- Pôle occident : chefs-d’œuvre italiens florentins et vénitiens, soyeries siciliennes, étoffes françaises du Bassin Lyonnais, mais aussi dentelles flamandes et anglaises, soulignant l’inventivité occidentale dans le motif et la finition.
L’exposition conjointe de ces textiles favorise une approche comparative des styles, des techniques et des usages. Nous apprécions particulièrement la mise en avant des créations lyonnaises du XIXe siècle, qui fusionnent influences orientales, motifs rococo et innovations industrielles. Ce dialogue incessant entre traditions confère à la collection une dimension universelle, tout en renforçant l’identité unique du musée.
L’impact culturel et touristique du Musée des Tissus sur la ville de Lyon #
L’ancrage du Musée des Tissus dans le tissu urbain contribue largement à la réputation de Lyon comme capitale textile européenne. Son rayonnement attire chaque année plus de 150 000 visiteurs, issus de l’ensemble du continent et bien au-delà, ce qui stimule le secteur touristique local mais aussi la création contemporaine.
- Retombées économiques directes et indirectes pour le secteur hôtelier, la restauration et le commerce de la métropole de Lyon.
- Partenariats étroits avec les grandes écoles lyonnaises telles que l’École supérieure des arts appliqués La Martinière-Diderot et l’INSA Lyon, favorisant l’innovation textile et la transmission des savoir-faire.
- Accueil de designers et d’artistes en résidence, collaborations avec des maisons de haute couture comme Hermès, Saint Laurent ou Balthus Paris, valorisant la créativité actuelle en étroite relation avec la tradition.
- Organisation d’expositions temporaires majeures, telle que la rétrospective “Soieries Impériales” en 2023, qui a rassemblé plus de 80 000 visiteurs en trois mois.
Nous évaluons l’apport du musée comme décisif pour la valorisation urbaine, la cohésion sociale et l’attractivité internationale de la ville. L’institution stimule en outre le développement d’un pôle de compétences unique en Europe, fédérant les universités, les chercheurs et les industriels du secteur textile. Sa mission, loin de se limiter à la conservation, embrasse désormais la transmission, l’innovation et le rayonnement culturel, faisant du Musée des Tissus un vecteur-clé de la notoriété de Lyon sur la scène mondiale.
Plan de l'article
- Art textile à Lyon : Plongée au cœur du Musée des Tissus et de la tradition des soieries lyonnaises
- Trésors des collections : 2,5 millions de pièces à travers 4500 ans d’histoire
- La soierie lyonnaise : un savoir-faire unique et une histoire prestigieuse
- Naissance et évolution du Musée des Tissus : de l’industrie à la conservation patrimoniale
- Ateliers et recherches : l’innovation au service de la préservation textile
- Textiles d’Orient et d’Occident : une approche comparative et transversale
- L’impact culturel et touristique du Musée des Tissus sur la ville de Lyon